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.. INFOS EHPAD . Sources : articles parus dans divers journaux
Scandale Orpea : manque de nourriture, profit, argent public... le rapport accablant du gouvernement Bienveillance ou maltraitance dans les Ehpad : dans l’angle mort des contrôles Scandale dans les Ehpad : après Orpea, les établissements Korian visés eux aussi par des familles Scandale Orpea : si vous n'avez pas tout suivi, on vous résume l'affaire des Ehpad en 10 points Maltraitances dans les Ehpad : le directeur général d'Orpea démis de ses fonctions Scandale dans les Ehpad : la ministre de l'Autonomie, veille à répondre "à chacun des signalements" ..
"Nous allons vers un nouveau modèle d’Ehpad" : la députée Laurence
Cristol à la manœuvre sur la loi Bien veillir
La députée Renaissance de l'Hérault, Laurence Cristol, est rapporteure de
la loi "Bien veillir", dont l'examen aura lieu fin novembre
Scandale dans les Ehpad : "La réaction politique n’est pas au niveau", estime Victor Castanet, un an après ses révélations Un an après la sortie du livre “Les Fossoyeurs” qui a ébranlé le secteur du grand âge, qu’est-ce qui a changé ? État des lieux avec le journaliste qui publie ce 25 janvier une version augmentée de son ouvrage. Vous publiez une nouvelle version du livre Les Fossoyeurs, avec dix chapitres inédits. Porte-t-elle d’autres révélations ? Oui, je raconte toute la campagne de communication qui a été mise en place pour réduire l’impact de l'enquête, les acteurs de l’ombre missionnés par Orpea pour faire en sorte que l’information n’arrive pas auprès du grand public, les sociétés d’intelligence économique, de communication, les instituts missionnés pour mettre en place un sondage quelques jours avant la sortie du livre. Cela m’intéressait de raconter au public la manière dont l’information peut être manipulée. Je raconte aussi les suites de l’enquête, les malversations financières au sein de l’ancienne direction générale d’Orpea sur lesquelles enquête le parquet de Versailles, avec une plainte notamment pour abus de biens sociaux de la nouvelle direction qui a découvert des situations de conflits d’intérêts entre des sociétés prestataires qui surfacturaient Orpea et dont les bénéficiaires pouvaient être d'anciens dirigeants du groupe. Je raconte aussi les suites politiques du livre, la manière dont les hommes politiques se sont emparés de ce livre et notamment dont le gouvernement a réagi. La réponse des pouvoirs publics est-elle été à la hauteur des enjeux ? La réaction politique n'est pas au niveau. Tout le monde s'attendait à l'annonce de cette fameuse loi grand âge, attendue depuis des années. Le pouvoir, comme d'autres gouvernements avant lui, n'a pas pris ce sujet à bras-le-corps. Cela fait très longtemps que les pouvoirs publics sont alertés et que rien n'est fait. Il y a toujours un sujet plus important que la prise en charge des personnes âgées. À un moment, cela devient problématique et ce qui était une erreur devient une faute politique. Il y a eu des renforcements de l'efficacité des contrôles, on a comblé des trous de la raquette au niveau de la législation. Mais sur des réformes de fond, sur les points essentiels, par exemple des indicateurs de qualité transparents pour les familles, corrélés au financement des Ehpad, sur tout un tas de points structurants il n'y a pas encore eu de révolution. Alors que les familles attendent cela pour être rassurées et les salariés pour avoir de meilleures conditions de travail. Même les grands gestionnaires privés attendent que l'Etat s'empare du sujet, car ils savent qu'aujourd'hui il y a une crise de confiance énorme de la part des familles, des salariés, ils ont du mal à recruter. Pour que le secteur sorte de cette crise par le haut, il faut que le politique s'en empare et réglemente. Un an après, un livre enrichi, des efforts affichés par Orpea, de multiples contrôles Victor Castanet, journaliste indépendant récompensé par le prix Albert-Londres publie, ce mardi, en version poche (J’ai lu, 9,50€, 512 p.) une version augmentée de son ouvrage Les Fossoyeurs. Écoulé à 170 000 exemplaires, il avait jeté une lumière crue sur les dérives systémiques chez Orpea. La version 2023, enrichie de dix chapitres, éclaire notamment les coulisses de l’affaire, les jeux politiques et médiatiques troubles et la réaction de la majorité, qui aurait songé un temps à nationaliser le groupe, mais n’a pas été au rendez-vous pour l’heure de la loi sur le grand âge. Depuis un an, 1 400 Ehpad ont été contrôlés avec 1 500 recommandations ou injonctions et 11 saisines du parquet, selon le gouvernement. La nouvelle équipe dirigeante d’Orpea dit, elle, avoir assaini ses pratiques et mis fin notamment aux rationnements. Est-ce à dire que toutes ces dérives que vous décriviez dans la première version des Fossoyeurs (pensionnaires rationnés personnels malmenés, etc.) sont toujours d'actualité ? Dans mon livre, je parle de maltraitances systémiques, entraînées par une optimisation des coûts extrêmement brutale mise en place par le siège d'Orpea et par des pratiques en matière de gestion de l'argent public. Il va y avoir des changements, sur les marges arrière réalisées sur les produits de santé, les excédents de dotation sur les postes de soignants. Ce système a été stoppé parce que les autorités de contrôle en ont pleinement connaissance, les médias surveillent et les contrôles vont être renforcés. En revanche, sur des problèmes de fond, c’est-à-dire le nombre de soignants, la stabilité des équipes qui sont le premier rempart à la maltraitance, il n'y a pas encore eu de changements en profondeur. Et tant qu'il n'y aura pas d'encadrement des taux de marge, c’est-à-dire du niveau de lucrativité de ces groupes, il y a toujours un risque de pression financière importante sur les Ehpad. ..
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Depuis la sortie de votre livre, avez-vous reçu de nouveaux témoignages
décrivant des situations de souffrance ? ..
.. ..Une nouvelle version du livre Les Fossoyeurs sort ce 25 janvier avec dix nouveaux chapitres
Votre livre a ébranlé l'ensemble du secteur du grand âge, au-delà
d'Orpea. Peut-on parler de dérives généralisées touchant la plupart des
géants des Ehpad ? ..
.. Le journaliste indépendant Victor Castanet
Des sources qui m'avaient transmis des documents, du jour au lendemain, ne
me répondaient plus. J'ai senti qu'ils suivaient mon enquête et qu'ils
essayaient d'empêcher qu'elle aille au bout.
Scandale Orpea : manque de nourriture, profit, argent public... le
rapport accablant du gouvernement Quelques semaines après les révélations de mauvais traitements dans les Ehpad Orpea, le gouvernement a publié ce mardi 5 avril un rapport accablant sur la manière dont le groupe gère ses établissements. Sur plus de 500 pages, il dénonce de nombreux dysfonctionnements. On fait le point. Après le tremblement de terre provoqué par la publication du livre enquête de Victor Castanet "Les Fossoyeurs", le groupe Orpea est à nouveau mis en cause ce mardi 5 avril. Et cette fois, c'est le rapport d'enquête administrative commandé en février par le gouvernement qui épingle la gestion calamiteuse du groupe. Les dysfonctionnements dénoncés en détail sont graves dans ce document que tout le monde peut consulter sur le site internet du ministère de la Santé et des solidarités, comme l'a précisé la ministre déléguée chargée de l'Autonomie des personnes âgées Brigitte Bourguignon sur Twitter. Y a-t-il eu détournement de dotations publiques ?
Confiée à l'Inspection générale des Finances (IGF) et à celle des Affaires
sociales (Igas), cette enquête a engendré la saisine de la justice dès le 26
mars par le gouvernement sur la base des conclusions du rapport. Le
gouvernement avait également annoncé qu'il exigerait le remboursement de
dotations publiques présumées détournées, alors que le rapport n'était
toujours pas rendu public. Mais le groupe Orpea a demandé la publication du
document afin de pouvoir travailler sur sa défense.
Mais au-delà de la qualité des soins, c'est toute la gestion financière du
groupe qui est pointée du doigt. "Les documents financiers obligatoires
transmis aux tutelles par les Ehpad sont insincères et présentent des
pratiques d'imputations non réglementaires de charges sur les forfaits soins
et dépendance", relève notamment les inspecteurs dans ce rapport.
Scandale des Ehpad : l'Etat porte plainte contre Orpéa et va demander "la restitution des dotations publiques" La ministre déléguée chargée de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, a annoncé ce samedi 26 mars qu'une plainte émanant de l'Etat Français serait déposé contre Orpéa. Les dotations publiques non utilisées par la société devront aussi être remboursées fait savoir la ministre. Invité de France Inter ce samedi 26 mars, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l'Autonomie a annoncé le déport d'une plainte contre Orpéa. Les dotations publiques versées au groupe devront aussi être rétribuées, a demandé la ministre au micro de nos confrères. Pour rappel, Orpéa, le leader mondial des Ehpad (1 156 établissements dans 23 pays), est au cœur d’une polémique concernant des mauvais traitements infligés aux pensionnaires de certains de ses établissements. Dans ce livre, il est décrit un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité du groupe. "L'État porte plainte et saisit le Procureur"
"Au regard de dysfonctionnements graves, nous sommes en mesure de vous
dire que l'État porte plainte et saisit le Procureur de la République sur la
base de l'article 40 parce que nous tenons compte de ces dysfonctionnements
graves", a alors fait savoir Brigitte Bourguignon sur France Inter.
Le rapport d'enquête de l'Inspection générale des Finances (IGF) et
celle des Affaires sociales (Igas) ne sera pas dévoilé au public. Une
décision incomprise par les professionnels du secteur qui demandent des
clarifications.
Cash investigation sur les Ehpad : prix des repas, embauches sans diplôme... les moments forts de l'émission. Ce mardi 1er mars, France 2 a diffusé le numéro très attendu de Cash investigation consacré au business des Ehpad, peu de temps après le scandale provoqué par la sortie du livre "Les Fossoyeurs", de Victor Castanet. Cash investigation a enquêté sur les Ehpad. Une enquête qui a duré plus d'un an et dont la diffusion a été avancée en raison de l'actualité très forte liée à la sortie du livre "Les Fossoyeurs", qui épingle Orpea. Dans Ehpad : l'heure des comptes, Marie Maurice a donc travaillé et même infiltré le milieu, pour livrer une enquête puissante, qui ne laisse forcément pas indifférent. Plusieurs témoignages ou séquences sont édifiants, l'occasion de revenir sur quelques moments forts de l'émission présentée par Elise Lucet. Le CRJ, ou combien coûte un résident ?
Parmi les séquences à retenir de l'émission, le témoignage d'un ancien
directeur d'Ehpad pour le groupe Korian. Il explique ce qu'est le CRJ, ce "vrai
cheval de bataille" pour l'entreprise. Ce coût de revient journalier
comprend donc selon son témoignage : "le petit-déjeuner, le déjeuner, le
goûter, le repas du soir et la collation du soir. Ça comprend aussi les
boissons."
Pour réaliser son enquête, la journaliste Marie Maurice s'est fait embaucher
chez Korian. Elle précise à ses collègues qu'elle n'a pas de diplôme et se
retrouve affectée au service des aides-soignantes diplômées, les ASD. Elle
découvre qu'elle n'est pas la seule à travailler sans avoir son diplôme.
À l’issue de la diffusion de l'enquête, un entretien entre Elise Lucet et
Sophie Boissard, la directrice de Korian, avait lieu. Celle-ci a réfuté
nombre de séquences du documentaire, pour elle, l'enquête est un
réquisitoire et des "choses parfaitement trompeuses".
Cash investigation sur les Ehpad : quels sont les établissements dans le viseur d'Elise Lucet ce mardi ? Ce mardi à 21 h 10, France 2 diffuse "Ehpad : l'heure des comptes", l'enquête de Cash investigation qui intervient peu après la sortie du livre choc de Victor Castanet "Les Fossoyeurs". Ce mardi 1er mars, le numéro de Cash investigation consacré aux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, est particulièrement attendu et redouté. L'équipe d'Elise Lucet avait commencé à se consacrer au sujet avant que n'éclate le scandale lié à Orpea. Avec la sortie fracassante du livre de Victor Castanet, "Les Fossoyeurs", le numéro de Cash investigation consacré à Mc Donalds, qui devait être diffusé le 16 février, a été décalé, afin que les journalistes achèvent cette enquête débutée un an et demi plus tôt. Les numéros 2 et 3 du secteur
Sur ce sujet brûlant d'actualité, le groupe Orpea sera forcément cité dans
l'enquête, mais il n'est pas le seul à avoir attiré l'intérêt de Marie
Maurice, la journaliste qui a mené l'enquête pour Cash investigation.
Et la nouvelle de la diffusion ne s'est pas faite sans casse du côté des
établissements visés puisque le 4 février, lorsque le numéro de Cash
investigation était annoncé, les actions de Orpea et Korian ont chuté en
bourse.
Une lettre ouverte à Elise Lucet publiée dans le Figaro témoigne également
de l'anxiété des établissements visés dans le reportage. Yves Journel,
fondateur de DomusVi écrit en effet : "Nous verrons bien ce que vous
expliquerez le 1er mars à la télévision. Sachez que, pour nous, les
résultats humains comptent avant tout".
Bienveillance ou maltraitance dans les Ehpad : dans l’angle mort des
contrôles Partagés entre État, via l’ARS, et Départements, tous deux financeurs des établissements, les garde-fous existants ont montré leurs limites. Suit-on correctement l’activité des plus de 7 400 Ehpad du territoire, 800 en Occitanie ? Parce qu’elle porte sur un groupe qui en gère plusieurs centaines, l’affaire Orpea a dépassé les dénonciations éparses qui ont pointé des établissements et leurs pratiques, précédemment. Et interroge sur la qualité, la fréquence, la réalité du contrôle exercé par la puissance publique pour protéger des personnes fragiles. "Personne ne vient de temps en temps voir comment ça se passe", dit cette directrice. "Il devrait y avoir des visites inopinées, comme les services vétérinaires en font pour la cuisine. Il n’y a pas de contrôle, hors sur nos comptes que l’on doit rendre annuellement", observe cet autre gestionnaire. L’an passé, le Département de l’Hérault a conduit "une dizaine d’inspections", indique son directeur de l’offre médico-sociale, Frédéric Dhivert, pour 150 Ehpad recensés. Des déplacements "conjoints de l’Agence régionale de santé et nous dans 99 % des cas", après des signalements de résidents ou de familles. "Nous ne prévenons jamais", clame Frédéric Dhivert, "on ne laisse jamais une réclamation sans réponse", martèle le directeur de l’ARS Occitanie, Pierre Ricordeau. L’autoévaluation fiable ? Sans pareils faits, sans "événement indésirable grave" à remonter eux-mêmes aux autorités, les Ehpad sont astreints à leur communiquer une autoévaluation tous les cinq ans et deux évaluations externes par période de quinze ans. "L’évaluation est contractualisée entre un commanditaire, l’Ehpad, et un prestataire habilité. C’est d’abord un contrat commercial", pointe Thierry Lamour, évaluateur externe certifié. Ce contrat ne garantit pas l’indépendance du prestataire, fait peser sur lui "une pression".
Le renouvellement des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens entre
Ehpad, Département et ARS est une autre occasion de vérifications "sur
site et sur pièces", ajoute Frédéric Dhivert. Mais finalement, "tant
qu’on n’entend pas parler de vous, vous n’êtes pas contrôlé", lâche-t-on
dans un Ehpad.
"On pourrait de manière incontestable imaginer davantage de contrôles,
admet Pierre Ricordeau. C’est une question d’équilibre entre les objectifs
et les capacités. Cet équilibre est-il adapté ? Probablement pas, la
question est légitime d’augmenter cette capacité et les moyens alloués." "Je regrette de n’avoir pas été attentive au point qu’il aurait fallu, soupire Michèle Delaunay. Durant ces deux années de ministère, j’ai reçu des signalements de dysfonctionnements, mais pas de maltraitance. Je m’en réjouis et à la fois je m’interroge qu’ils ne soient restés sous silence." Michèle Delaunay, déléguée aux personnes âgées sous le gouvernement Ayrault, ne cache pas son sentiment de "culpabilité. J’ai visité des Ehpad, j’ai fait confiance."
Scandale dans les Ehpad : après Orpea, les établissements Korian visés eux aussi par des familles Le géant du secteur Korian serait à son tour mis en cause par des familles de résidents. L'avocate Sarah Saldmann préparait une action en justice. Le scandale dans les Ehpad Orpea va-t-il entraîner avec lui tout le secteur ? C'est en tout cas ce qui pourrait arriver avec la nouvelle procédure en justice de Sarah Saldmann. L'avocate qui mène une action en justice contre Orpea va également lancer une nouvelle procédure visant cette fois Korian, le premier groupe privé français de maisons de retraite, a indiqué dimanche soir Le Parisien. Elle disposerait de "dizaines" de témoignages accablants contre le géant du secteur. Ce dernier est également visé par une enquête d'Elise Lucet dans un futur numéro de Cash Investigation, prévu en mars prochain. Après l'annonce d'une émission sur le sujet, l'action Korian a immédiatement dévissé en bourse perdant près de 21%. L'annonce d'un Cash Investigation après une enquête d'un an et demi n'aide pas les investisseurs à reprendre confiance dans ce genre de valeurs. Les investisseurs ne peuvent plus tenir ce genre de sociétés dans leurs portefeuilles, eu égard aux mauvaises nouvelles qui risquent de tomber. - Mikaël Jacoby, responsable du trading chez Oddo. Action en justice : Orpea, mais pas uniquement
"Homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie d’autrui,
violence par négligence, non-assistance à personne en danger" : ces
motifs sont ceux, peut-être alourdis de nouveaux dans les prochaines
semaines, de l’action collective que prépare l’avocate parisienne Sarah
Saldmann. Une démarche qu’elle envisage "pour début mars, repoussée un
tout petit peu si j’en ai plus (de victimes désireuses d’agir, NDLR)
que prévu."
Les dénonciations du livre Les Fossoyeurs ont modifié la donne et conduit
plusieurs de ces familles à sauter le pas, saisir la justice. Surtout, "le
livre a agi en lanceur d’alerte", dit l’avocate, et libéré la parole,
les demandes qu’elle reçoit depuis l’explosion de l’affaire Orpea dépassant
le cadre de ce géant du secteur. Cette fois, justement, ce sera le cas. Et aussi pour Korian.
Scandale Orpea : si vous n'avez pas tout suivi, on vous résume l'affaire des
Ehpad en 10 points. Un livre, "Les Fossoyeurs", paru mercredi 26 janvier chez Fayard, fait trembler Orpea. L'auteur et journaliste, Victor Castanet, accuse le leader européen des maisons de retraite de maltraitances sur des résidents d'Ehpad. On fait le point sur cette affaire hors norme. Les dirigeants d'Orpea dans la tourmente. Voilà plus d'une semaine que le leader mondial des Ehpad (1 156 établissements dans 23 pays), est au cœur d’une polémique concernant des mauvais traitements infligés aux pensionnaires de certains de ses établissements. De la parution du livre choc "Les Fossoyeurs", aux témoignages, en passant par les enquêtes ordonnées par le gouvernement, on vous résume cette affaire de grande ampleur. 1. Le livre-enquête de Victor Castanet
Le 24 janvier, nos confrères du Monde ont publié les bonnes feuilles du
livre "Les Fossoyeurs" (Fayard), une enquête sur les conditions de vie des
pensionnaires des Ehpad du groupe Orpea menée par le journaliste indépendant
Victor Castanet.
Ces révélations ont un effet immédiat sur le cours de l'action du groupe.
Dès lundi 24 janvier, le titre Orpea à la Bourse de Paris dévisse de plus de
16 %, avant que sa cotation ne soit suspendue pour 24 heures, à la demande
de la direction. Une semaine après le début de la polémique, le titre a
perdu près de la moitié de sa valeur.
Le 26 janvier, à la sortie du conseil des ministres, Gabriel Attal,
porte-parole du gouvernement explique que "les révélations faites dans ce
livre sont absolument révoltantes. Vous avez le ventre noué en lisant des
choses pareilles. Et si ces faits sont avérés, ils devront évidemment être
sanctionnés avec la plus grande sévérité".
Le dimanche 30 janvier au soir, le groupe annonce qu’Yves Le Masne, son
directeur général, est démis de ses fonctions. "Le conseil
d’administration du groupe Orpea, a décidé de mettre fin aux fonctions de
directeur général de M. Yves Le Masne", assure le groupe. Philippe
Charrier, déjà président non exécutif du conseil d’administration depuis
mars 2017 le remplacera en devenant "président-directeur général de la
société avec effet immédiat".
Lundi 31 janvier, l'avocate Sarah Saldmann annonce sur franceinfo le
lancement début mars d'une "action collective conjointe" de familles
de résidents en colère. En portant plainte simultanément, celles-ci "entendent
faire nombre, avoir du poids face à un géant", explique-t-elle, même si
chaque plainte sera autonome. Selon les dossiers, il pourra s'agir d'une
plainte pour "homicide involontaire, mise en danger délibérée de la vie
d'autrui, violence par négligence" ou "non-assistance à personne en danger",
détaille-t-elle.
Le groupe d'Ehpad a en effet indiqué dans un communiqué contester "formellement
l’ensemble de ces accusations que nous considérons comme mensongères,
outrageantes et préjudiciables".
"Des manquements peuvent exister", mais "soyez assurés que
partout, toujours, dès que nous avons connaissance d'un dysfonctionnement,
nous prenons toutes les dispositions pour y remédier", assurent les
dirigeants du groupe.
Sur le plateau de CàVous et de BFMTV, le journaliste indépendant a réitéré
ses accusations, précisant avoir reçu des "menaces de la part du groupe"
durant cette enquête "longue et difficile". Certaines de ses sources,
avec qui il avait longtemps échangé, ont notamment fait mystérieusement
machine arrière du jour au lendemain. Et un "un intermédiaire" qui ne
vient "pas directement du groupe", lui aurait donc proposé une énorme
somme d’argent : 15 millions d'euros.
Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l’Autonomie des
personnes âgées, a annoncé le 27 janvier qu’elle convoquait Jean-Claude
Romersi, un haut cadre d’Orpea France, le 1er février.
Interrogée sur France Info le 1er février, en amont de sa rencontre avec
Jean-Claude Romersi et Philippe Chartier, Brigitte Bourguignon indique que
deux enquêtes vont être ouvertes.
Selon les informations du Canard Enchaîné, dans son édition du mercredi 2
février, le désormais ancien directeur général du groupe aurait vendu ses 5
456 actions de la société juste après avoir appris que la gestion des
établissements du groupe allait être mise en cause dans un livre à paraître.
Scandale des Ehpad : l'ex-patron d'Orpea a vendu des actions avant la sortie du livre choc "Les Fossoyeurs"
Selon le Canard enchaîné, le DG du groupe Orpea limogé dimanche 31 janvier,
Yves Le Masne, a vendu des milliers d'actions trois semaines après avoir été
informé de la future parution du livre choc Les Fossoyeurs mettant en cause
les pratiques du groupe.
Les faits remontraient au 23 juillet 2021, alors que des demandes de
réponses à des questions très pointues de la part du journaliste Victor
Castanet, auteur de l'enquête publiée dans son ouvrage "Les Fossoyeurs"
avaient été envoyées à la direction du groupe le mois précédent. Très peu de
responsables d'Orpea savent alors que le livre choc - qui décrit,
témoignages à l'appui, un système de maltraitance institutionnalisée et de
montages financiers frauduleux mis en place par le groupe dans la gestion de
ses Ehpad pour doper sa rentabilité - était en préparation, à l'exception
d'Yves Le Masne, raconte l'hebdomadaire.
Scandale dans les Ehpad : pour l'auteur de l'enquête Victor Castanet, "les contrôles sont trop rares" L’action Orpea a repris des couleurs, lundi 31 janvier, après le limogeage du directeur. Mais l’exécutif attend des explications, ce mardi 1er février, du groupe sur les dérives que nous détaille l'auteur des Fossoyeurs qui a révélé le scandale. Toutes les institutions privées qui gèrent des Ephad sont-elles à mettre dans le même sac, celui de l’appât du gain ? Je ne veux pas mettre tous les groupes privés dans le même panier. L’enquête de mon livre (Les Fossoyeurs, chez Fayard, 387 pages, 22,90 €), qui contient plus de 250 témoignages, est concentrée sur le groupe Orpea. Et dans ce groupe, il y a eu un certain nombre de dérives graves qui ont eu des conséquences directes sur la qualité de prise en charge des pensionnaires et sur les conditions de travail des salariés. Je n’ai donc pas enquêté sur d’autres groupes privés et je dois dire que j’ai des informations très positives sur plusieurs d’entre eux. Ce que révèle mon travail, c’est aussi et surtout que le système de santé français est défaillant. L’État ne surveille pas assez les conditions de vie de ses anciens ? Tous les témoignages des cadres montrent d’abord que les contrôles sont beaucoup trop rares – certains établissements ne sont pas inspectés parfois pendant plusieurs années - et qu’ensuite, ils sont défaillants. Il faut savoir qu’il n’y a pas de contrôles inopinés. Les établissements sont en général prévenus un mois à l’avance, et peuvent ainsi prendre des mesures de correction pour masquer une réalité aux inspecteurs. Que dissimule-t-on à ces inspecteurs ? Le manque de personnel. Souvent en sous-effectifs avant le contrôle, les établissements modifient les plannings, voire refont de contrats de travail avant que les inspecteurs arrivent. Si bien que le jour J, on peut présenter des plannings qui respectent les normes imposées. Ce qui est frappant dans votre enquête, c’est la "préméditation", des économies à tout prix, en rognant délibérément sur la qualité de vie des résidents ? Ce que je raconte, c’est que c’est effectivement un système organisé, réfléchi et pensé au plus haut niveau de l’entreprise. Il s’agit de réduire drastiquement tous les coûts. Cela passe bien sûr par l’optimisation de la masse salariale et par le rationnement des produits de santé. Et cela passe par des logiciels et des applications qui décident tout. Si bien que plusieurs directeurs m’ont expliqué qu’ils avaient en fait le sentiment d’être des "super secrétaires". L’exemple le plus frappant concerne les couches, et cela passe par une utilisation contestable de l’argent public. Quand Orpea a eu connaissance de l'ampleur de mon enquête, un intermédiaire m’a proposé d’arrêter mon travail, moyennant 15 M€ Avec quel mode opératoire ? Ces grands groupes privés qui génèrent beaucoup d’argent reçoivent des dotations publiques. Les conseils départementaux financent ainsi l’achat des couches. Dans un établissement où la dépense s’élève par exemple à 10 000 €, le groupe va produire une facture de ce montant au conseil départemental. Ce qui se passe, c’est que son fournisseur, en l’occurrence le groupe Hartmann, l’un des plus grands au monde, reverse à la fin de l’année au groupe Orpea, via un autre circuit financier, des marges arrière. Pour les couches, le taux reversé au siège, et non pas à l’établissement, est de 28 %. Conséquence directe de ce détournement, le rationnement du nombre de couches par patient mais aussi une incidence sur la qualité du produit. Car pour maintenir son niveau de rentabilité, Hartmann a baissé la capacité d’absorption des couches. Pour des raisons financières, on ne respecte pas la dignité des pensionnaires. J’ajoute qu’une partie de ces marges arrière a servi à financer non seulement le fonctionnement du siège, mais aussi des séminaires luxueux à Marrakech ou Mykonos. Vous racontez que l’on vous a proposé une somme de 15 M€ pour ne pas sortir ce livre. C’est une somme incroyable. Quelle est la valorisation du groupe ? À la moitié de mon enquête, quand Orpea a eu connaissance de son ampleur, un intermédiaire, non salarié du groupe, m’a effectivement proposé d’arrêter mon travail, moyennant 15 M€. Le tout dans une transaction encadrée par un avocat. J’avoue avoir été effaré par la somme, mais c’est un groupe qui génère énormément, énormément d’argent ! Il suffit, pour s’en convaincre, de savoir que son fondateur a vendu les 7 % d’actions qui lui restaient, juste avant le Covid-19, pour 450 M€ ! Des fortunes se sont bâties avec la gestion privée des Ephad. Comment choisir un bon Ehpad pour ses proches ? C’est une vraie question. À tort, on pense que plus ce sera cher, mieux ce sera. À Neuilly, l’un des plus chers de France, entre 7 000 et 12 000 € par mois. Effectivement, ce sera luxueux. Surtout au niveau de l’hostellerie. Mais sur les soins et la médicalisation, cela ne changera rien ! Il ne faut donc pas se fier à l’apparence et à l’accueil, ne pas faire seulement la visite d’accueil avec la direction, mais y passer du temps et si possible, discuter avec le personnel soignant. Mon grand-père, dont je suis très proche, a 95 ans et est au bout de sa vie. Il sera peut-être obligé d’aller dans un Ephad et je ne peux pas imaginer qu’il soit confronté à ce genre de situation.
Maltraitances dans les Ehpad : le directeur général d'Orpea démis de ses fonctions Après le livre scandale "Les Fossoyeurs" du journaliste Victor Castenet, Orpea limoge son directeur général. Le scandale Orpea continue. Moins d’une semaine après la parution du livre Les Fossoyeurs, le groupe Orpea a annoncé, dans un communiqué publié dimanche 30 janvier dans la soirée, avoir procédé au limogeage de son directeur général et promet de "faire toute la lumière sur les allégations avancées". Qui est le nouveau PDG ?
"Le conseil d’administration du groupe Orpea, a décidé de mettre fin aux
fonctions de directeur général de M. Yves Le Masne", assure le groupe.
Philippe Charrier, déjà président non exécutif du conseil d’administration
depuis mars 2017 le remplacera en devenant "président-directeur général
de la société avec effet immédiat".
Scandale dans les Ehpad : la ministre de l'Autonomie, veille à répondre "à chacun des signalements" Brigitte Bourguignon, ministre de l'Autonomie répond à la polémique après l'enquête sur les dérives au sein du groupe privé de maisons de retraite Orpea. Qu’attendez-vous de votre rendez-vous avec le directeur d’Orpea ? Je tiens à entendre toutes les parties prenantes. J’ai donc convoqué le directeur général d’Orpea dans les plus brefs délais afin qu’il s’explique sur la situation des Ehpad du groupe. Ce que je veux savoir, c’est si un système organisé existe dans tout le groupe Orpea, ou si les faits dénoncés dans ce livre se rapportent uniquement à un établissement. Je veux également des éclaircissements sur les faits de maltraitance, de mauvaise gestion des ressources humaines et des financements publics, et de rationnement des produits alimentaires et de protection, et savoir s’ils ont été corrigés depuis l’époque des signalements, entre 2016 et 2018. Je rappelle que ces faits, s’ils sont avérés, ne doivent pas entacher la réputation de tout un secteur. Avez-vous des moyens de contrôler les Ehpad ? Je le réaffirme : les Ehpad, peu importe leur statut, et parce qu’ils reçoivent de l’argent public, sont soumis à des exigences de contrôle et de transparence très encadrées. Les Agences régionales de santé (ARS) et les conseils départementaux, en tant qu’autorités de tutelle de ces établissements, ont la capacité d’intervenir auprès d’eux et de mener des inspections. Les inspections sont suivies de rapports et de prescriptions adressées aux établissements, qui doivent ensuite mettre en œuvre un plan d’action pour y répondre dans les plus brefs délais. Vous voyez, les moyens de contrôler les Ehpad existent, car la loi le prévoit, et si nécessaire nous les renforcerons. Comment intégrez-vous les plaintes des familles dans vos décisions ? Je veux leur dire qu’elles sont écoutées et pleinement prises en compte. Quand je reçois des signalements, je veille à ce qu’il y ait une réponse à chacun des signalements qui me sont remontés. J’attache aussi beaucoup de prix à la transparence et au dialogue avec les familles dans chaque établissement. Ma priorité reste la même : protéger les résidents et garantir leur bien-être au quotidien. Des incidents rarissimes sont parfois signalés, et la lumière doit chaque fois être faite, car le respect du bien-être et de la dignité des résidents est au cœur de ce que je défends chaque jour.
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